LA FÊTE DES ACHÉENS

Charles de Lamberterie |  2024.10.23
Note from the editorial team of Classical Continuum: This essay, copy-edited by Keith DeStone, is made available by permission of the author. It is a revised and updated edition of an earlier online version. The author’s online essay here, along with another essay of his, is also forthcoming in print, to be published in 2025 by Classical Continuum. The printed publication will be a new set of essays edited by Olga Levaniouk, Leonard Muellner, and Gregory Nagy.
Sommaire.1. L’étymologie du mot ἑορτή « fête » : état de la question. — 2. Attestation du mot en linéaire B de Cnossos : e-wo-ta-de /ἐϝορτᾱ́ν-δε/ « vers le lieu de la fête », à rapprocher de a-ka-wi-ja-de /Ἀχαίϝιyά-δε/ « vers le lieu de célébration de la fête des Achéens ». Emploi des latifs en –de dans les tablettes mycéniennes (J. Killen). — 3. Étude philologique de ἑορτή dans l’Odyssée : il s’agit d’une fête célébrée à Ithaque en l’honneur d’Apollon, et qui est un rassemblement des Achéens. — 4. Confrontation des données homériques et des tablettes de Cnossos. Apport des nouveaux documents de Thèbes : de-qo-no /δεῖκwνον/ « repas » ; di-wi-ja-me-ro /δϝιyᾱ́μερον/ « fête qui s’étend sur une durée de deux jours » ; po-ro-e-ko-to /προhεκτός, -οί/ « présentable(s) », qualificatif d’animaux bons à être sacrifiés. — 5. Lien de ὁρτή et de Πανιώνια chez Hérodote.
1. Le substantif grec ἑορτή « fête », connu au premier millénaire depuis l’Odyssée, est un terme usuel de la langue classique (Aeschl. +), qui comporte en ionien un doublet à hyphérèse ὁρτή, attesté aussi bien dans les inscriptions ioniennes à partir du ve siècle que dans la prose littéraire d’Hérodote [1] . Le mot est entièrement isolé à l’intérieur du lexique grec, et il n’a pas donné naissance à une riche famille : le seul dérivé vraiment usuel est le verbe dénominatif ἑορτάζω « célébrer une fête » (Eur., Aristoph. +), avec un doublet ὁρτάζω (Hdt.).
Quant à la formation (Wortbildung), le mot ἑορτή donne extérieurement l’impression d’être un dérivé en *CoC-tā́- du type de βροντή (Il. +) « tonnerre » en regard de βρέμω (Il. +) « résonner », ou de ἀορτή (Hp.) « aorte » en regard de ἀείρω (Hom. +) « suspendre, attacher » (d’une base radicale *ἀϝερ-), mais sans qu’on puisse mettre en évidence une racine verbale dont il procéderait [2] . Nos dictionnaires étymologiques en sont donc réduits à un aveu d’ignorance [3] . Ils signalent qu’on a parfois voulu partir d’un étymon *ϝε-ϝορ-τᾱ́, avec redoublement, le ϝ initial étant supposé justifier l’aspiration initiale. Mais cette hypothèse est bien peu convaincante, faute de témoignages du prétendu ϝ initial, et les deux exemples homériques n’y sont guère favorables (fait qui est fâcheusement passé sous silence dans les ouvrages de référence) : le premier d’entre eux, πᾶσιν ἑορτή # (Od. 20.156), pourrait certes reposer sur un plus ancien *πάνσι ϝεϝορτᾱ́ (ou *ϝhεϝορτᾱ́, ou *ϝεhορτᾱ́, ou *ϝhεhορτᾱ́), mais le second, κατὰ δῆμον // ἑορτὴ τοῖο θεοῖο # (Od. 21.258), requiert une initiale vocalique.
Cette racine verbale sous-jacente que l’on cherche en vain depuis longtemps, le linguiste autrichien Oswald Panagl a proposé, dans une étude récente (2017), de l’identifier à la racine indo-européenne *ser- « lier, enfiler, attacher », bien connue dans plusieurs langues de la famille (lat. serō, seriēs, etc.) et notamment en grec, où elle est à la base du présent εἴρω (Il. +), forme issue d’un étymon *ser-ye/o-, avec psilose mais trace de la consonne initiale dans le parfait passif ἔερτο, ἐερμένος (Od.), lui aussi psilotique, issu d’un thème verbal < *hε-hερ- < *se-ser- ; l’aspiration initiale est attestée directement dans plusieurs dérivés nominaux, comme ἕρματα (Il. +) « pendants d’oreilles » ou ὅρμος (Il. +) « chaîne, corde, collier ». Cette racine a toujours été posée par les linguistes comme *ser-, mais selon Panagl nous aurions ici la trace d’une forme plus ancienne *h1ser- : le mot ἑορτή reposerait sur un étymon *h1sor-tā́- et appartiendrait donc bien, comme on l’avait souvent admis mais sans pouvoir en apporter la preuve, au type de βροντή, ἀορτή. Ce dérivé nominal aurait signifié au départ, comme on l’attend d’après l’étymologie proposée, « enchaînement, liage, connexion » (« Reihung, Verknüpfung »), et le sens de « fête, festival » viendrait de ce que la fête était conçue par les Grecs comme un enchaînement, une succession réglée d’opérations rituelles [4] .
Pour la forme, cette hypothèse aurait l’avantage de justifier l’aspiration initiale, qui serait issue du report à l’initiale d’un *h interne : l’histoire du substantif *hεhορτᾱ́ < *ἐhορτᾱ́ < *h1sor-tā́- serait ainsi comparable, mutatis mutandis, à celle de l’adjectif ἱερός « sacré » (= /hiyerós/) < *iherós (le grec mycénien gardant des traces de cette forme plus ancienne) < i.-e. (balkanique) *isə1ró- < i.-e. (plus ancien) *ish1ró- (cf. skr. iṣirá-, avec reflet indifférencié *ə de la voyelle dégagée au contact d’une consonne laryngale) [5] . Mais l’étymologie de Panagl se heurte à plusieurs objections qui empêchent de la retenir.
1) La principale est la suivante : c’est un paradoxe de chercher une trace de laryngale là où précisément il ne devrait pas y en avoir, alors qu’on est bien en peine d’en trouver là où il devrait y en avoir. Je me réfère ici à ce qu’en grammaire comparée on appelle communément l’« effet Saussure », à savoir le fait bien connu que dans une racine indo-européenne comportant une laryngale (initiale, interne ou finale), ladite laryngale disparaît normalement sans laisser de trace dans les formations à degré o, alors qu’elle en laisse au degré e et au degré zéro. Ainsi a-t-on, de la racine i.-e. *telh2 « (sup)porter », un reflet de la laryngale au degré plein (τελα-μών « baudrier », d’une base radicale *telə2) et au degré zéro (adj. verbal τλη-τός « enduré » = lat. lā-tus « porté » < *tlā-tó- < *tlǝ2-tó-) ; mais dans τόλ-μη « audace » tout se passe comme si la racine ne comportait pas de laryngale finale. À l’initiale, on peut citer l’exemple classique, et amusant pour le sens, de μοιχός « homme adultère » en regard de ὀμῑχεῖν (Hes.) « uriner », altération récente d’une forme à restituer comme *ὀμείχειν, d’un présent *ὀμείχω qui a un répondant exact dans skr. méhati, d’une racine i.-e. *h3meiǵh ou *h2meiǵh (cf. ἀμῖξαι · οὐρῆσαι Hsch.) « faire de l’eau » (d’où, par euphémisme, « uriner ») [6] . Les exemples de ce type pourraient être multipliés [7] . Par conséquent, si la racine *ser- « lier, enchaîner » reposait sur une forme plus ancienne *h1ser-, on attendrait un reflet de la laryngale au degré e, mais non au degré o, c’est-à-dire exactement l’inverse de ce que l’on a si l’on suit les vues de Panagl, car cette famille étymologique ne présente en grec aucune forme en *ἐhερ- qui permette de justifier la forme radicale *h1ser- qu’il pose [8] . Il arrive certes que dans certaines formations à degré o la laryngale soit restituée sous l’influence d’une forme de fondation à degré e, et c’est ainsi, par exemple, que l’on trouve une voyelle prothétique dans des dérivés comme ἀοιδός « chanteur, aède » ou ἀοιδή « chant », qui sont en synchronie subordonnés au présent ἀείδω « chanter », à preuve la figure étymologique ἀοιδὸς ἄειδε // (Od. 1.325). Mais ce n’est évidemment pas le cas dans l’exemple qui nous occupe : ainsi que nous venons de le voir, la forme ionienne ὁρτή n’est attestée qu’à partir du ve siècle, les documents les plus anciens du dialecte ayant encore la forme ancienne ἑορτή, et de toute manière Panagl a besoin, pour justifier l’étymologie qu’il propose, que la forme trissyllabique soit la plus ancienne.
2) Il n’est nullement assuré que dans ἑορτή l’aspiration initiale soit ancienne, et c’est même le contraire qui est le plus probable. Ainsi qu’il ressort, en effet, de la Grammar of Attic Inscriptions de L. Threatte, à l’époque où l’attique utilise encore la consonne H- pour noter l’aspiration initiale, cette dernière fait défaut dans le mot que les textes littéraires orthographient ἑορτή, et il en va de même pour le nom Εορτιος, connu dans l’épigraphie attique dès la fin du vie siècle [9] . Ainsi que le note pertinemment Threatte, cela rappelle de près le cas du nom du « jour », ἡμέρα des textes littéraires : dans l’épigraphie attique, la graphie εμερα est plus ancienne que hεμερα, et κατ’ εμεραν que καθ’ εμεραν [10] . Or, dans le nom du « jour », nous savons de science sûre que l’aspiration initiale n’est pas ancienne, même si là où elle apparaît nous ne savons trop comment en rendre compte : au premier millénaire, on en a la preuve par des composés tels que ἐπᾱ́μερος, πεμπᾱ́μερος chez Pindare en regard de ἐφήμερος, πενθήμερος en attique, et le témoignage du grec mycénien va dans le même sens, avec l’expression a-mo-ra-ma /ἄμωρ ἆμαρ/ « quotidiennement » [11] . Dans le cas de ἑορτή, il est a priori difficile de savoir ce qu’il en est, puisque l’origine du mot nous échappe ; mais cette indication fournie par l’épigraphie attique est à prendre en compte pour le problème qui nous occupe, et elle va clairement à l’encontre de l’étymologie de Panagl. Je signale, à ce propos, un détail amusant concernant l’histoire de l’édition des textes grecs. Dans sa récente édition de l’Odyssée (2017), le regretté Martin L. West s’est appuyé sur l’ouvrage de Threatte pour orthographier ἐορτή le nom de la « fête » dans les deux exemples où il apparaît (20.156 et 21.258) [12] . Pourquoi pas, en effet, mais pourquoi ?
3) La conservation de la séquence εο dans la forme ἑορτή de l’époque classique s’explique mieux en partant de *ἐϝο- (ou de *hεϝο-, au cas, peu probable, où l’aspirée initiale serait ancienne) que de *ἐhο- (ou de *hεhο-), comme le montre le contraste entre le génitif ἡδέος (< *ϝhᾱδέϝος) de ἡδύς « agréable » et le gén. τείχους (< *τείχεhος) de τεῖχος « rempart » (Homère ayant, dans un cas comme dans l’autre, ἡδέος, τείχεος) [13] . Si l’hiatus persiste dans θεός « dieu » (< *θεhός, myc. te-o), cela vient de ce que ce mot est un dissyllabe [14] . Ou faut-il considérer que la position d’un groupe *ἐhο- (*hεhο-) en début de mot a eu pour vertu de préserver l’hiatus, excepté dans le dialecte ionien à partir d’une date relativement récente (début du ve s.) ? Rien a priori ne permet d’aller dans ce sens.
2. L’origine du mot ἑορτή demeurant inconnue, il importe au moins d’en retracer l’histoire, et à cet égard il faut mentionner le fait capital qu’il est très probablement attesté dès le deuxième millénaire. Il est même surprenant que la chose ait échappé à un mycénologue aussi averti que Panagl [15] , mais cela s’explique peut-être par le fait que le dossier mycénien, relativement récent dans l’histoire de cette discipline, n’est pas pris en compte dans nos dictionnaires étymologiques [16] . Raison de plus pour voir ce qu’il en est.
Il s’agit de la tablette C (1) 901 de Cnossos, dont le texte est le suivant : e-wo-ta-de bosf 20 ta bos 1. Le premier mot comporte évidemment la particule lative -de, ce qui invite à voir dans e-wo-ta un toponyme indiquant le lieu où sont acheminés les bovins (ta /τα/, acronyme de ταῦρος). Mais ledit toponyme crétois reste impossible à identifier. Aussi la mycénologue italienne Celestina Milani a-t-elle proposé, dans un très bref article, d’interpréter le mot comme un appellatif et de comprendre « al luogo dell’ ἑορτᾱ́ », tout en suggérant que d’autres analyses seraient possibles (par exemple « al luogo di revisione, al luogo di guardia », en posant un dérivé nominal apparenté au verbe *ϝhοράω « surveiller, voir »), mais moins probables, car elles obligeraient à postuler dans le lexique grec du deuxième millénaire l’existence de mots disparus par la suite, ce qui n’est guère économique [17] . Si l’on accepte cette identification, cela signifie qu’à cette époque le nom grec de la « fête » avait la forme /ἐϝορτᾱ́/ ou — mais, nous venons de le voir, moins probablement — /hεϝορτᾱ́/.
Présentée sans autre justification, l’idée ne pouvait avoir un grand écho. Elle n’est pas acceptée dans le Diccionario Micénico de Fr. Aura Jorro [18] . Plus près de nous, elle n’est — chose à peine croyable — même pas mentionnée, que ce soit dans le sens de l’acceptation ou du refus, dans les actes, publiés en 2004, d’un colloque qui avait pour thème « The Mycenaean Feast » [19] , ni dans un ouvrage paru en 2005 et consacré aux offrandes dans les textes mycéniens [20] . Mais cette idée féconde a été reprise, avec le souci d’une réelle justification, par le mycénologue anglais John T. Killen, qui a donné de bonnes raisons de l’accepter, tout en faisant preuve d’une réserve salutaire du fait que nous n’avons qu’une seule occurrence du mot : « C (1) 901 […] shows in initial position e-wo-ta-de, of which one conceivable interpretation would be as ἑορτᾱ́ν-δε ‘to the festival’ » [21] .

Il faut rappeler ici qu’en ce qui concerne les realia des documents écrits en linéaire B les travaux de Killen sont de la plus haute importance ; je n’hésite même pas à dire qu’ils sont reconnus comme les meilleurs dont nous disposons. Pour la question qui nous intéresse, l’argumentation de Killen s’appuie sur le fait que la série C de Cnossos, caractérisée par des idéogrammes d’animaux, comporte en tout et pour tout deux formes de latif en -de, à savoir notre e-wo-ta-de en C (1) 901 et a-ka-wi-ja-de en C (2) 914. Ce dernier mot — lui aussi un hapax — a été interprété, dès l’époque du déchiffrement, comme un toponyme /᾽Αχαιϝίyᾱν-δε/, identique — sinon pour la désignation, du moins pour la forme — au nom de région connu au premier millénaire sous les formes Ἀχαιΐη dans l’ionien d’Hérodote et Ἀχαΐᾱ en attique (Thuc. +) : il s’agit de l’« Achaïe », nom qui désigne soit la partie du Péloponnèse qui borde le golfe de Corinthe (Hdt. 1.145, etc.), soit l’Achaïe Phthiotide, au sud de la Thessalie (Hdt. 7.173, etc.). Mais Killen fait valoir que dans les archives mycéniennes les toponymes au latif en -δε désignent normalement des lieux où sont envoyées des offrandes, en l’occurrence des animaux (ovism 50, capm 50) destinés à être sacrifiés ; il considère, dans ces conditions, que voir ici le nom d’une région n’est guère satisfaisant et propose une interprétation alternative [22]  :

« Alternatively (and this would explain why it does not occur on any other record in the archive at Knossos dealing with religious activity), a-ka-wi-ja might not be a place-name at all, but the name of a religious festival (the Achaia) : perhaps a festival that was established in Crete by the mainland Greeks at some point after their arrival on the island. »
Plus intéressé par l’analyse des realia que par les questions proprement linguistiques, Killen ne s’est guère étendu sur la formation du mot qu’il restitue, à savoir /Ἀχαίϝιyα/, neutre pluriel désignant les « festivités des Ἀχαιϝοί ». Autant que je sache — mais tant mieux si je suis démenti ! —, un tel nom de fête n’est pas attesté dans le grec postérieur, mais il est parfaitement bien formé : il suffit de penser aux Παναθήναια « fête qui rassemble tous les Athéniens » et aux Πανιώνια « fête qui rassemble tous les Ioniens », deux termes largement attestés depuis Hérodote, et de rappeler que l’ethnique Παναχαιοί est connu depuis les poèmes homériques (9x Il., 3x Od.).
Les tablettes de Cnossos où apparaissent ces deux lexèmes au latif en -de étaient connues depuis le début des études mycéniennes, mais ce qui a permis d’en faire progresser l’interprétation a été l’apparition des nouveaux documents de Thèbes, et notamment des nodules publiés en 1990 par Chr. Piteros, J.-P. Olivier et J.-L. Melena [23] . Le titre même des deux articles de Killen que je viens de citer le montre assez, et l’auteur commence le second d’entre eux par un hommage justifié à cette « admirable editio princeps » [24] . De fait, dans les nodules de Thèbes comme dans la série C de Cnossos, il est question d’animaux acheminés vers un lieu de culte pour y être sacrifiés, et cela justifie les interprétations proposées : e-wo-ta-de /ἐϝορτᾱ́ν-δε/ « vers le lieu de célébration de la fête », a-ka-wi-ja-de /Ἀχαίϝιyά-δε/ « vers le lieu où les Achéens se rassemblent pour célébrer leur fête » [25] . La mention te-qa-de /Θῆγwάνσ-δε/ qui sur plusieurs des nodules de Thèbes est accompagnée d’idéogrammes d’animaux (TH Wu 51, 65, 96) fait référence à la ville de Thèbes en tant qu’elle est le lieu où ces animaux sont conduits pour y être abattus. La mention di-ka-ta-de /Δίκτᾱν-δε/ que l’on trouve à Cnossos fait référence au mont Diktè en tant que siège d’un sanctuaire, ce qui s’accorde avec l’indication di-ka-ta-jo di-we /Δικταίωι Διϝεί/ du dieu auquel sont adressées les offrandes. Les nodules de Thèbes permettent aussi d’éclairer, comme l’avaient déjà remarqué leurs éditeurs, plusieurs tablettes de Pylos (notamment Un 2 et Un 138) relatives, elles aussi, à des animaux destinés à être sacrifiés au cours d’une grande cérémonie [26] .
Voici encore un autre acquis important que nous devons à la perspicacité de Killen, dans ses travaux réalisés au cours des années ’90 du siècle dernier. Le mot sa-pa-ka-te-ri-ja, bien attesté dans la série C (2) de Cnossos et à Pylos (Un 138), a reçu, depuis le début des études mycéniennes, deux interprétations : soit un toponyme /Σφακτηρίyᾱ/, analyse qui à première vue a tout pour séduire si l’on songe au nom de l’île de Σφακτηρίᾱ qui se situe au large de Pylos, soit un neutre pluriel /σφακτήριyα/ désignant des animaux destinés à être sacrifiés. La prise en compte des latifs en -de dans le contexte que nous venons de voir amène à jeter des doutes sur la première d’entre elles, et la seconde est confirmée par le fait qu’à Cnossos on trouve à plusieurs reprises devant des idéogrammes d’animaux la mention sa (C 394, D 5954, U 7063), qui ne peut guère être autre chose que l’acronyme de sa-pa-ka-te-ri-ja ; ce mot est donc bien un appellatif et non un toponyme [27] . Cette analyse brillante s’est aussitôt imposée comme un acquis définitif de la mycénologie, que l’on trouve depuis lors dans tous les ouvrages de référence [28] . Ainsi que l’a fait valoir avec raison le mycénologue autrichien Jörg Weilhartner, ce terme /σφακτήριyα/ du deuxième millénaire a été relayé en grec alphabétique par un mot différent, mais comportant la même base radicale et la même finale, à savoir le neutre pluriel σφάγια, terme usuel (Aeschl., Hdt. +) pour désigner les victimes sacrificielles, beaucoup plus fréquent que le singulier σφάγιον qui est attesté lui aussi (Eur. +) [29] . J’ajouterai que ce lexème σφάγια a les meilleures chances d’avoir existé dès le deuxième millénaire, car c’est certainement de lui que procède le toponyme plurale tantum qui désigne le sanctuaire des Pyliens, largement attesté dans les tablettes de Pylos : nom. pa-ki-ja-ne /Σφαγιyᾶνες/, acc. latif pa-ki-ja-na-de /Σφαγιyᾶνάσ-δε/, loc. pa-ki-ja-si /Σφαγιyάνσι/, instr. pa-ki-ja-pi /Σφαγιyάμφι/ ; il est formé à l’aide du suffixe d’ethnique -ᾱν- (cf. Ἕλληνες, Ἀκαρνᾶνες, etc.), dont l’origine n’est pas claire mais qui est d’un emploi usuel dans la langue [30] .
Les nouvelles tablettes de Thèbes publiées au début du xxie siècle ont contribué à enrichir encore le dossier, en apportant une abondante moisson de nouveaux latifs en –de qui désignent des lieux de culte où sont acheminées des offrandes. Plusieurs d’entre eux restent d’interprétation obscure, mais il faut au moins signaler le mot po-to-a2-ja-de (TH Av 104[+]191), qui, ainsi que l’ont fait valoir avec raison V. Aravantinos, L. Godart et A. Sacconi, ne peut guère être autre chose que /Πτωhαῖά-δε/ (ou /Πτώhαιά-δε/), à rapprocher évidemment du mot Πτώϊα (Πτῷα) qui au premier millénaire désigne les fêtes organisées en Béotie sur le mont Πτώϊον (Πτῷον) en l’honneur d’Apollon Πτωϊεύς (Πτῳεύς) [31] . L’existence de ce mot nouveau fournit un argument de plus à l’appui de l’interprétation proposée par Killen pour le terme crétois a-ka-wi-ja-de. Je n’examinerai pas ici en détail tous les mots qui apparaissent dans les nouvelles tablettes de Thèbes ; il me suffira de renvoyer à l’ample étude que Killen a consacrée à la question dans les actes, publiés en 2006, du colloque organisé en 2002 à Vienne sur les nouveaux documents de Thèbes [32] . On ne peut que souscrire à l’idée principale qui y est développée, et que l’auteur résume en une phrase : « Place-names plus –de, indicating shrines, etc. to which offerings are being sent, are a very common feature of religious texts » (p. 87). Telle est aujourd’hui la doctrine dominante chez les mycénologues, à laquelle j’accorde pleine adhésion.

3. Il vaut la peine de confronter les données mycéniennes à celles des poèmes homériques ; car il se pourrait que, comme souvent, elles s’apportent un éclairage mutuel, et je me propose de montrer que c’est bien le cas ici. Au premier millénaire, les attestations les plus anciennes du mot ἑορτή se trouvent — je l’ai déjà signalé au début de la présente étude — dans deux passages de l’Odyssée. Le premier se situe au chant XX, lorsqu’Euryclée donne aux servantes des ordres pour préparer la grand-salle du palais en prévision de la fête qui doit se tenir à Ithaque (v. 155–156) [33]  :

οὐ γὰρ δὴν μνηστῆρες ἀπέσσονται μεγάροιο,
ἀλλὰ μάλ’ ἦρι νέονται, ἐπεὶ καὶ πᾶσιν ἑορτή.
« [Pressez-vous, car] les prétendants ne resteront pas longtemps loin de la salle : ils vont revenir de très bonne heure, car <aujourd’hui> c’est jour de fête pour tous. »

Les commentateurs d’Homère nous apprennent que la fête en question était une fête en l’honneur d’Apollon de la nouvelle lune (Νεομήνιος), qui s’appellait donc la « fête des Νεομήνια », bien que ce terme ne figure pas dans le texte homérique [34] . La phase initiale de cette fête est décrite avec précision aux v. 276–278 :

κήρυκες δ’ ἀνὰ ἄστυ θεῶν ἱερὴν ἑκατόμβην
ἦγον· τοὶ δ’ ἀγέροντο κάρη κομόωντες Ἀχαιοὶ
ἄλσος ὕπο σκιερὸν ἑκατηβόλου Ἀπόλλωνος.
« Des hérauts menaient dans la ville la sainte hécatombe des dieux : les Achéens aux longs cheveux se rassemblaient sous le bois ombreux d’Apollon qui lance au loin ses traits. »

Passage d’où il ressort que la fête en question avait aussi une autre dénomination, à savoir la « fête des Ἑκατόμβοια » [35] . Cette fête, on le voit, est un « rassemblement des Achéens » — le mot ἀγέροντο du v. 277 fait évidemment écho à πᾶσιν au v. 156 —, ce qui s’explique par le fait bien connu que tout au long de l’Odyssée les habitants d’Ithaque sont normalement appelés Ἀχαιοί, dans ce passage comme déjà au début du poème (1.88–92) :

          αὐτὰρ ἐγὼν Ἰθάκην ἐσελεύσομαι, ὄφρα οἱ υἱὸν
          μᾶλλον ἐποτρύνω, καί οἱ μένος ἐν φρεσὶ θείω,
90      εἰς ἀγορὴν καλέσαντα κάρη κομόωντας Ἀχαιοὺς
          πᾶσι μνηστήρεσσιν ἀπειπέμεν, οἵ τέ οἱ αἰεὶ
          μῆλ’ ἁδινὰ σφάζουσι καὶ εἰλίποδας ἕλικας βοῦς.
(Athéna, s’adressant à Zeus) « Et moi, j’irai à Ithaque pour stimuler son fils [sc. d’Ulysse] et lui donner le courage de convoquer à l’assemblée les Achéens aux longs cheveux et de désavouer tous les prétendants, qui ne cessent de lui égorger en foule ses brebis et ses vaches aux pieds tors, aux cornes recourbées. »

Programme effectivement mis en œuvre (1.272–273) :

αὔριον εἰς ἀγορὴν καλέσας ἥρωας Ἀχαιοὺς
μῦθον πέφραδε πᾶσι, θεοὶ δ’ ἐπὶ μάρτυροι ἔστων.
(Athéna, s’adressant à Télémaque) « Demain, convoque à l’assemblée les héros achéens et tiens-leur à tous des propos sans détours, en prenant les dieux à témoin. »

Et encore, dans le même sens (1.394–395) :

ἀλλ’ ἦ τοι βασιλῆες Ἀχαιῶν εἰσὶ καὶ ἄλλοι
πολλοὶ ἐν ἀμφιάλῳ Ἰθάκῃ, νέοι ἠδὲ παλαιοί.
(Télémaque, à Antinoos) « Oui, certes, il y a beaucoup d’autres Achéens ayant rang de rois dans Ithaque cernée des flots, des jeunes et des anciens. »

Et toujours (1.400–401) :

Τηλέμαχ’, ἦ τοι ταῦτα θεῶν ἐν γούνασι κεῖται,
ὅς τις ἐν ἀμφιάλῳ Ἰθάκῃ βασιλεύσει Ἀχαιῶν.
(Eurymaque, à Télémaque) « Télémaque, cet avenir repose sur les genoux des dieux : ils décideront lequel des Achéens régnera dans Ithaque cernée des flots. »
Il est inutile d’accumuler les références en ce sens : il s’agit, on le sait, d’une constante du poème [36] .

Le second passage où apparaît le mot ἑορτή se situe au chant XXI, lorsqu’Antinoos essaie d’inciter Eurymaque à remettre à plus tard le jeu de l’arc (v. 258–262) :

          νῦν μὲν γὰρ κατὰ δῆμον ἑορτὴ τοῖο θεοῖο
          ἁγνή· τίς δέ κε τόξα τιταίνοιτ’; ἀλλὰ ἕκηλοι
260    κάτθετ’· ἀτὰρ πελέκεάς γε καὶ εἴ κ’ εἰῶμεν ἅπαντας
          ἑστάμεν· οὐ μὲν γάρ τιν’ ἀναιρήσεσθαι ὀΐω,
          ἐλθόντ’ ἐς μέγαρον Λαερτιάδεω Ὀδυσῆος.
« Aujourd’hui, le peuple célèbre la sainte fête du dieu : est-ce le moment de tirer à l’arc ? Allons, déposez-le ; trêve d’exercices. Quant aux haches, rien ne nous empêche de les laisser toutes debout : car, je pense, nul ne viendra les prendre dans la grand-salle d’Ulysse, fils de Laërte. »

La fête comporte, selon l’usage, des réjouissances et des repas qui rassemblent les participants aux festivités. Mais ce soir-là les réjouissances seront d’un type bien particulier, comme il ressort des paroles que prononce Ulysse à la toute fin du même chant XXI, juste avant de déclencher le massacre des prétendants (v. 428–430) :

          νῦν δ’ ὥρη καὶ δόρπον Ἀχαιοῖσιν τετυκέσθαι
          ἐν φάει, αὐτὰρ ἔπειτα καὶ ἄλλως ἑψιάασθαι
430    μολπῇ καὶ φόρμιγγι· τὰ γάρ τ’ ἀναθήματα δαιτός.
« Mais maintenant, voici venu le moment de servir aux Achéens, en plein jour, un souper que suivront d’autres divertissements, chant et musique : ce sont là, comme on sait, les charmes d’un festin. »
Passage célèbre pour l’ironie sinistre qui se cache derrière ces mots [37] . Je rappelle, à ce propos, que dans son Hippota Nestor notre ami Doug Frame a souligné, à juste titre, l’importance des mots δεῖπνον et δόρπον dans ce contexte, comme le montrent les tout derniers vers du chant XX, où le massacre des prétendants était déjà annoncé à mots couverts (v. 390–394) [38] :

390    δεῖπνον μὲν γὰρ τοί γε γελώοντες τετύκοντο
          ἡδύ τε καὶ μενοεικές, ἐπεὶ μάλα πόλλ’ ἱέρευσαν·
          δόρπου δ’ οὐκ ἄν πως ἀχαρίστερον ἄλλο γένοιτο,
          οἷον δὴ τάχ’ ἔμελλε θεὰ καὶ καρτερὸς ἀνὴρ
          θησέμεναι· πρότεροι γὰρ ἀεικέα μηχανόωντο.
« C’était un déjeuner agréable et délicieux qu’en riant ils s’étaient préparé, après avoir immolé force victimes. Mais pour le soir, nul souper ne devait avoir moins d’agrément que celui qu’allaient leur servir bientôt une déesse et un vigoureux guerrier : car ils s’étaient mal conduits les premiers. »
4. Nous pouvons maintenant confronter ces passages de l’Odyssée aux tablettes en linéaire B de Cnossos, et le résultat de cette confrontation est éloquent. Dans l’Odyssée, la fête (ἑορτή, ou ἐορτή si l’on adopte le parti éditorial de M. West) célébrée à Ithaque (20.156, 21.258) en l’honneur d’Apollon, qui comporte une hécatombe (ἑκατόμβη, 20.276) et où l’on sacrifie force victimes (20.250-251), est un rassemblement des Achéens (ἀγέροντο … Ἀχαιοί, 20.277). Dans la série C de Cnossos, caractérisée par le fait qu’y sont mentionnés des animaux destinés à être sacrifiés, la meilleure interprétation de la tablette C (1) 901, où apparaît le mot e-wo-ta-de suivi de bosf 20 ta bos 1, est de comprendre « bovins à conduire au lieu de la fête (/ἐϝορτᾱ́ν-δε/) », et en C (2) 914 le mot a-ka-wi-ja-de, accompagné lui aussi d’une mention d’animaux (ovism 50, capm 50), s’interprète au mieux comme /Ἀχαίϝιyά-δε/ « vers le lieu où se célèbre la fête des /Ἀχαίϝιyα/ », ainsi nommée parce qu’elle rassemble les Achéens (Ἀχαιϝοί) ; cette indication est évidemment à rapprocher du célèbre passage de l’Odyssée où il est dit que les Achéens sont une des ethnies qui peuplent la Crète (ἐν μὲν Ἀχαιοί #, 19.175). J’ai peine à croire que de telles concordances, qui portent non pas sur des éléments isolés mais sur un ensemble complexe, soient un pur effet du hasard. Mieux encore, le poète prend le soin de préciser que pour les repas de fête le porcher Eumée (20.162–163), le chevrier Mélanthios (20.173–174) et le bouvier Philœtios (20.185–188) amènent leurs plus beaux bestiaux depuis leur lieu de production jusqu’à leur lieu de consommation, le bouvier ayant même recours aux services de convoyeurs spécialisés dans ce type de transport (πορθμῆες, 20.187) ; c’est à cette même réalité concrète que fait référence le -de latif des tablettes de Cnossos.
Les documents en linéaire B de Thèbes mis au jour durant ces dernières décennies, qu’il s’agisse des nodules ou des tablettes de la rue Pélopidas, ont apporté nombre de données nouvelles qui contribuent à enrichir notre connaissance de ce champ du lexique. Je me limiterai ici à citer trois d’entre elles, sans les étudier en détail mais en indiquant les résultats que l’on peut tenir pour assurés ou au moins probables.
1) La forme ancienne de δεῖπνον est maintenant attestée au deuxième millénaire sous la forme de-qo-no (TH Fg 254 + 255.1), à interpréter comme /δεῖκwνον/ (la tablette en question se rapporte à des fournitures d’orge, ce qui va clairement dans le sens de cette identification). Il faut y rattacher le mot po-ro-de-qo-no (KN F 51 v. 1), qui était connu depuis longtemps mais restait rebelle à l’analyse du fait de son isolement ; on peut désormais tenter de le comprendre, s’il désigne une personne, comme /πρό-δεικwνος/ « celui qui a en charge le repas », même si cette interprétation reste conjecturale [39] . Quant au mot δόρπον, on a, depuis le début des études mycéniennes, proposé d’y rattacher les mots do-qe-ja (PY An 607.1) et do-qe-u (KN B 804.2), en voyant dans le premier un nom de fonction féminin /δόρκwεια/ « celle qui a en charge le repas du soir (*/δόρκwον/) » et dans le second le masculin correspondant */δορκwεύς/, employé comme anthroponyme (/Δορκwεύς/). Cette interprétation est assurément une simple possibilité, du fait que le terme de base n’est pas attesté en linéaire B dans l’état actuel de nos connaissances. Mais elle a pour elle, en ce qui concerne la formation, le parallèle des termes usuels i-je-re-u /hιyερεύς/ (avec une forme plus ancienne i-e-re-u /ἰhερεύς/) et i-je-re-ja /hιyέρεια/, noms de fonction (« prêtre, prêtresse ») bâtis sur i-je-ro /hιyερός/, /hιyερόν/. À cela s’ajoute que les correspondants hors du grec (alb. darkë « repas du soir », peut-être aussi en celtique bret. dibri, dribi « manger ») invitent à poser une labiovélaire [40] .
2) Le mot di-wi-ja-me-ro (TH Gp 109.1) a été interprété par les éditeurs, sur une suggestion de M. Lejeune, comme un syntagme /Δίϝyᾱς μέρος/ « la part de la déesse », écrit comme s’il s’agissait d’un mot unique (ce qui en soi ne fait pas de difficulté, cf. pa-si-te-o-i /πάνσι-θεhοῖhι/ « à tous les dieux »). Mais il paraît préférable — et c’est l’idée communément reçue aujourd’hui — de comprendre δϝιyᾱ́μερον « période de deux jours » : il doit s’agir du nom de la fête (« feasts which lasted two days », St. Hiller) pour laquelle sont acheminées à Thèbes les fournitures mentionnées dans la tablette [41] . La formation est identique à celle de τριήμερον (Aristot.) « période de trois jours », et pour l’emploi religieux d’un composé de ce type on peut comparer le triduum (< *tri-diw-o-m) pascal dans le calendrier chrétien. Ce mode de désignation d’une fête explique l’absence de la particule lative –de.

3) Dans les nodules de Thèbes, les animaux destinés à être sacrifiés sont ordinairement qualifiés de i-je-ro (TH Wu 66, 86, 87) /hιyερός, -οί/ ou i-je-ra (Wu 44) /hιyερά/ « sacré(s), consacré(s) », mais on trouve aussi à deux reprises la mention po-ro-e-ko-to, qui s’applique à des ovins (Wu 67 ovism) et à des caprins (Wu 92 capm). L’interprétation la plus plausible de ce mot est d’y voir, avec V. Aravantinos, l’adjectif verbal /προhεκτός, -οί/ du verbe προhέχω (Il. +) « présenter, offrir » et de considérer qu’il s’agit ici d’animaux « présentables », c’est-à-dire bons à être sacrifiés et consommés. Dans une étude déjà ancienne [42] , j’ai cherché à montrer que cette analyse trouvait un appui décisif dans un passage du début du chant III de l’Odyssée, qui décrit le grand sacrifice offert par les habitants de Pylos au dieu Poseidon (v. 4–8) :

          οἱ δὲ Πύλον, Νηλῆος ἐυκτίμενον πτολίεθρον,
5        ἷξον· τοὶ δ’ ἐπὶ θινὶ θαλάσσης ἱερὰ έζον,
          ταύρους παμμέλανας, ἐνοσίχθονι κυανοχαίτῃ.
          ἐννέα δ’ ἕδραι ἔσαν, πεντηκόσιοι δ’ ἐν ἑκάστῃ
          εἵατο, καὶ προὔχοντο ἑκάστοθι ἐννέα ταύρους.
« Ils (sc. Télémaque et son équipage) arrivèrent alors (sc. au lever du soleil) à Pylos, la citadelle bien bâtie de Nélée, au moment où les gens de Pylos faisaient sur le rivage de la mer un sacrifice de taureaux tout noirs à l’Ébranleur du sol aux cheveux sombres. Il y avait neuf rangées de sièges, avec cinq cents hommes assis sur chacune, et dans chacun des groupes on présentait neuf taureaux. »
Passage où les formes έζον (v. 5) et προὔχοντο (v. 8) du textus traditus sont les altérations récentes de formes achéennes ϝόρζον (cf. myc. wo-ze /ϝόρζει/) et προhέχοντο.

5. Je signale, pour conclure, que l’association du lexème ἐϝορτᾱ́ et d’un nom de fête au neutre pluriel en -ια que nous avons constatée dans les tablettes de Cnossos a un beau prolongement dans le célèbre texte d’Hérodote relatif aux Ioniens (1, 147–148) :

Εἰσὶ δὲ πάντες Ἴωνες, ὅσοι ἀπ’ ’Αθηνέων γεγόνασι καὶ Ἀπατούρια ἄγουσι ὁρτήν· ἄγουσι δὲ πάντες πλὴν Ἐφεσίων καὶ Κολοφωνίων· οὗτοι γὰρ μοῦνοι Ἰώνων οὐκ ἄγουσι Ἀπατούρια, καὶ οὗτοι κατὰ φόνου τινὸς σκῆψιν. Τὸ δὲ Πανιώνιόν ἐστι τῆς Μυκάλης χῶρος ἱρός, πρὸς ἄρκτον τετραμμένος, κοινῇ ἐξαραιρημένος ὑπὸ Ἰώνων Ποσειδέωνι Ἑλικωνίῳ· ἡ δὲ Μυκάλη ἐστὶ τῆς ἠπείρου ἄκρη πρὸς ζέφυρον ἄνεμον κατήκουσα Σάμῳ <καταντίον>, ἐς τὴν συλλεγόμενοι ἀπὸ τῶν πολίων Ἴωνες ἄγεσκον ὁρτήν, τῇ ἔθεντο οὔνομα Πανιώνια. Πεπόνθασι δὲ οὔτι μοῦναι αἱ Ἰώνων ὁρταὶ τοῦτο, ἀλλὰ καὶ Ἑλλήνων πάντων ὁμοίως πᾶσαι ἐς τὠυτὸ γράμμα τελευτῶσι, κατά περ τῶν Περσέων τὰ οὐνόματα.
« Sont Ioniens tous ceux qui sont originaires d’Athènes et célèbrent la fête des Apatouries ; tous les Ioniens la célèbrent, excepté les gens d’Éphèse et de Colophon ; ceux-là, seuls des Ioniens, ne la célèbrent pas ; et s’ils y manquent, c’est pour une raison tirée d’un meurtre. Le Panionion est un lieu sacré du mont Mycale, tourné vers le Nord, que les Ioniens en commun ont réservé à Poseidon Héliconios ; le mont Mycale est un promontoire de la terre ferme qui s’étend du côté d’où souffle le zéphyr en face de Samos ; les Ioniens des douze villes s’y réunissaient pour célébrer une fête qu’ils avaient dénommée les Panionia. Ce ne sont pas seulement les noms de fêtes des Ioniens qui se forment ainsi ; mais les noms de fêtes de tous les Grecs se terminent tous uniformément par la même lettre, comme les noms des Perses. »

Il s’agit des douze villes ioniennes mentionnées aux chapitres 142 et 145, et la remarque sur la finale des noms des Perses est une allusion au chapitre 139. Les Ioniens dont il est question ici sont ceux qui habitent l’Asie Mineure, et à qui appartient le Πανιώνιον (ch. 142) : ce mot désigne l’endroit où ils se réunissent (ch. 141 : συνελέγοντο ἐς Πανιώνιον), qui est un sanctuaire (ch. 143 ἱρόν … τῷ οὔνομα ἔθεντο Πανιώνιον). Ainsi que nous le savons tous, notre ami Doug a dit l’essentiel sur cette fête des Panionia dans son magnum opus [43] , et il est donc inutile de s’attarder sur ce point.

Charles de Lamberterie
Sorbonne-Université, Paris (émérite)
École pratique des Hautes Études, Section des sciences historiques et philologiques, Paris
Institut de France (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres)
courriel : charles.de_lamberterie@sorbonne-universite.fr

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Footnotes

[ back ] 1. Sur cette forme ionienne, documentée aussi chez Anacréon et Hérondas, voir en dernier lieu G. Miller, Anc. Gr. Dial. Earl. Auth. (2014), 176, avec histoire de la question : les inscriptions ioniennes du vie s. ont encore la forme ancienne ἑορτή, et celles du ve s. la forme spécifiquement dialectale ὁρτή.
[ back ] 2. Sur ce type de dérivé et son accentuation, voir en dernier lieu É. Dieu, Accentuation (2016), 227–228 (avec histoire de la question, ce qui me dispense de la reprendre ici). L’auteur reconnaît, avec raison, que l’intégration du mot ἑορτή à ce type reste une simple possibilité, du fait que l’origine en est inconnue.
[ back ] 3. Voir GEW I, 131 ; DELG 356 (= DELG 2009, 339) ; EDG 436. Comme d’ordinaire en pareil cas, l’article consacré à ce mot est à peu près identique dans les trois ouvrages ; c’est la preuve que l’analyse de ἑορτή n’a fait aucun progrès entre le milieu du xxe siècle et le début du xxie siècle.
[ back ] 4. Panagl 2017.
[ back ] 5. Sur l’histoire du mot ἱερός, dont je ne puis traiter ici en détail, voir la notice de Cl. Le Feuvre dans CEG 5 (2002), 268–269 = DELG 2009, 1309, ainsi que Lamberterie 2012, 356–357.
[ back ] 6. Voir la notice s.u. μοιχός dans CEG 9 (2005), 168–169 = DELG 2009, 1329–1330 (Ch. de L.), avec discussion sur la laryngale initiale ; et, sur la légitimité de la restitution ὀμείχειν sous la forme ὀμῑχεῖν attestée chez Hésiode, Tr. 727, la notice s.u. dans CEG 1 (1997), 127 = DELG 2009, 1335 (Ch. de L.), avec référence au parallèle védique à la collocation hésiodique ὀρθὸς ὀμῑχεῖν # « uriner debout » mis en évidence par C. Watkins. — Au degré zéro, une base radicale *h2migh ou *h3migh, avec en fin de racine une vélaire et non une palatale, rend compte de ὀμίχλη (Il. +) « nuage, brouillard », à rapprocher de skr. meghá- « nuage » < i.-e. *moighó- (DELG 770).
[ back ] 7. Je me permets de renvoyer à plusieurs travaux où, après d’autres, j’ai cherché à relever des exemples de l’« effet Saussure » : voir notamment Lamberterie 2004 (étude résumée par N. Guilleux dans la notice s.u. θρόνος « siège » de CEG 10 (2007), 169–170 = DELG 2009, 1307–1308), 2005 et 2016 (p. 51–52), ainsi que plusieurs notices de la CEG reprises dans le supplément au DELG 2009, s.uu. οὖθαρ « mamelle », οὐλή « cicatrice », πέρνημι « vendre » (à propos de πόρνη « prostituée » < « femme objet de trafic »), τόλμη « audace », τόρμος « mortaise », τόρνος « compas de charpentier ». Bien que la réalité de l’effet Saussure soit admise par l’ensemble des comparatistes, elle a été contestée par L. van Beek (2011), dans un article qui n’entraîne pas la conviction (voir Lamberterie 2016, 52).
[ back ] 8. Ainsi qu’il ressort de l’article 1 εἴρω « enfiler, attacher en file, lier en file » du DELG, 325 (= DELG 2009, 310), le grec ne semble pas avoir conservé de forme à degré zéro *sr- (*sr̥-) de la racine i.-e. *ser-, même là où ledit degré zéro serait attendu d’après les règles de la morphologie : ainsi dans le parfait passif ἔερτο, ἐερμένος cité ci-dessus, qui présente le même vocalisme que le présent et a donc chance d’être une forme récente ou refaite.
[ back ] 9. L. Threatte, Gramm. Att. Inscr. I (1980), 500. — Dans le dialecte ionien, ce nom présente, comme on l’attend, la forme Ορτιος (Samos, vie s.), voir la notice de S. Minon dans CEG 9 (2005), 162 = DELG 2009, 1297. Dans ce nom, l’hyphérèse est donc attestée plus tôt que dans le substantif (cf. n. 1) : la discordance vient sans doute de ce que pour un nom il n’y avait pas le poids de la tradition pour maintenir la forme ancienne.
[ back ] 10. Même référence.
[ back ] 11. Voir la notice s.u. ἦμαρ (N. Guilleux, Ch. de L.) dans CEG 12 (2012), 304.
[ back ] 12. Homer, Odyssey, ed. Martin L. West, Berlin-Boston, de Gruyter, 2017 (Bibliotheca Teubneriana), avec justification de ce choix éditorial p. xx.
[ back ] 13. La forme ἡδέος est bien attestée dans l’épopée (5x Od.). Ainsi que le note P. Chantraine, « la contraction de εο en ευ est exceptionnelle au génitif des thèmes en s » dans le corpus homérique (GH1 I, 58 = GH2 I, 61 – il serait plus exact de parler ici de diphtongaison –, avec examen des quelques exemples de résolution de l’hiatus).
[ back ] 14. Voir Lejeune, Phonétique, § 289.
[ back ] 15. Ce savant est notamment l’éditeur des actes de deux colloques d’études mycéniennes (Flor. St. Myc. [1999] et NLBTTheb. [2006]), et il a dans ce domaine à son actif une œuvre dont la valeur est reconnue (voir notamment le bilan critique du vocabulaire mycénien qu’il a dressé dans le Colloquium Romanum [2008]).
[ back ] 16. Il ne pouvait l’être dans l’article du DELG, publié en 1970 et donc rédigé avant l’ouverture du dossier mycénien (en cette même année 1970, avec l’article de C. Milani). Quant à l’EDG de Beekes, c’est un ouvrage où, comme on sait, les études mycéniennes et, d’une manière générale, les découvertes philologiques récentes sont peu prises en compte : chose regrettable, et qui tient pour beaucoup à la véritable fascination qu’a exercée sur l’auteur le « Pre-Greek » (mais, heureusement, pas pour le mot qui nous occupe – réf. n. 3).
[ back ] 17. Milani 1970, 306.
[ back ] 18. DMic I (1985), 269, avec histoire de la question et référence à Docs2 (1973), 454 et 547 (toponyme non identifié).
[ back ] 19. Les actes de ce colloque constituent un numéro spécial (« special issue ») de Hesperia 73/2, 2004. Ils comportent deux articles où sont prises en compte les questions philologiques, celui de T. Palaima sur la documentation en linéaire B (p. 217–246) et celui de S. Sherratt sur les données homériques (p. 301–337).
[ back ] 20. Weilhartner 2005.
[ back ] 21. Killen 1996, 79 (avec référence à l’article de C. Milani), repris dans Coll. Pap. 670. Interprétation acceptée juxta modum par Waanders 2008, 800 : « accusative of direction (festival)? ». Dans le même sens Hiller 2011, 200 (mais sans références) ; en dernier lieu Piquero Rodríguez, LGMic (2019), 208.
[ back ] 22. Killen 1994, 78 (= Coll. Pap. 634), avec la note suivante : « I am grateful to Dr. Chadwick for this suggestion. » Cet article de 1994 est repris, sous une forme très légèrement différente, dans la communication de l’auteur au congrès d’études mycéniennes de Rome et de Naples en 1991 (Killen 1996, 71–78, p. 76 pour le passage cité). De ce fait, seuls les trois appendices à Killen 1996 (78–81) sont repris dans les Collected Papers (p. 669–672) ; c’est dans le premier d’entre eux qu’apparaît la note consacrée à e-wo-ta (réf. n. précédente). — Sur l’interprétation du mot a-ka-wi-ja comme un toponyme, voir DMic I, 35, avec histoire de la question ; en dernier lieu Melena 2014, 125. Dans son bilan intitulé « The geography of the Mycenaean kingdoms » (2011), J. Bennet est enclin à suivre les vues de Killen (p. 161 et 177), comme avant lui déjà T. Palaima (2004, 226). De même aussi, dans le même volume du Companion to Linear B (II, 2011), St. Hiller (p. 200) ; en dernier lieu J. Piquero Rodríguez, LGMic (2019), 133–134 (mais avec des réserves).
[ back ] 23. Voir la référence complète dans la bibliographie.
[ back ] 24. « Thebes sealings, Knossos tablets and Mycenaean state banquets » (1994) ; « Thebes sealings and Knossos tablets » (1996), citation p. 71. Même doctrine chez Killen 1999 (= Coll. Pap. 715–731).
[ back ] 25. Avec, dans les deux cas, une métonymie d’un type banal (le lieu désigné par l’événement qui s’y déroule). L’objection avancée par M. Meier-Brügger (2006, 113), pour a-ka-wi-ja comme pour d’autres mots, à savoir qu’un latif en -de devrait en principe s’appliquer à un toponyme ou à la désignation d’un lieu au sens strict du terme, ne me paraît donc pas décisive. On peut noter, à ce propos, que dans les documents mycéniens le substantif a-ko-ra /ἀγορᾱ́/ « rassemblement » et l’adjectif a-ko-ra-jo /ἀγοραῖος/ qui en dérive désignent moins un lieu qu’un mode d’élevage, à savoir l’élevage intensif (voir Lamberterie 1990[92], 118, avec références), et que dans les poèmes homériques le latif ἀγορήνδε est usuel (5x Il., 3x Od.). C’est dire si le passage est aisé de la désignation d’une activité à celle du lieu où cette activité se déroule (cf. en français aller à l’assemblée (nationale) / à l’Assemblée nationale / au Palais-Bourbon).
[ back ] 26. Voir Piteros-Olivier-Melena 1990, 171–184 ; Lamberterie 1990[92], 116–119, avec mention de passages de l’Odyssée qui vont dans le même sens ; Killen 1999, 332 (= Coll. Pap. 722). Killen estime aussi, avec de bonnes raisons, que l’inventaire de mobilier qu’est la série Ta de Pylos a été effectué à l’occasion d’une grande cérémonie (1998 = Coll. Pap. 711–712).
[ back ] 27. Killen 1996, 79–81 (= Coll. Pap. 669–671), avec histoire de la question.
[ back ] 28. Ainsi Palaima 2004, 225 (« animals for slaughter ») ; Weilhartner 2005, 73–75 et 93 ; Rougemont 2009, 263 et 282 ; Hiller 2011, 171 et 176 ; Melena 2014, 104, 113 et 133 ; Piquero Rodríguez, LGMic (2019), 435–436; DMic.Supl. (2020), 329-330.
[ back ] 29. Weilhartner 2008, 820–824.
[ back ] 30. Sur ce toponyme, dont l’analyse ne nous retiendra pas ici, voir l’ensemble du dossier dans DMic II (1993), 72–74. De lui dérive l’adjectif d’appartenance pa-ki-ja-ni-jo /Σφαγιyᾱ́νιyος/ (74–75), qui lui aussi donne naissance à un toponyme pa-ki-ja-ni-ja /Σφαγιyᾱνίyᾱ/ (74). Quant au mot pa-ki-ja-na, l’analyse en est discutée : ce peut être soit un toponyme /Σφαγιyᾱ́νᾱ/ comportant une authentique finale -ᾱ́νᾱ, soit une variante du mot précédent par dissimilation du second y (discussion p. 72).
[ back ] 31. Voir AGS 2006, 7. Pour la formation, les auteurs comparent, avec raison, les deux formes Κρήταιος et Κρήσιος de l’adjectif « crétois ». L’interprétation du mot comme un toponyme, qu’ils envisagent aussi, me paraît moins probable, car au premier millénaire le nom de ce toponyme, qui désigne à la fois la montagne et le sanctuaire qui s’y trouve, est le singulier Πτώϊον (Πτῷον). Sur l’ensemble du dossier au premier millénaire, on trouvera l’essentiel dans l’article Ptoion de la Realencyclopädie (XXXIII/2, 1959, 1506–1578), rédigé par S. Lauffer.
[ back ] 32. Killen 2006 (= Coll. Pap. 907–938). Sur les latifs en –de que contiennent ces documents, voir aussi, dans le même volume, Meier-Brügger 2006, 113.
[ back ] 33. Ici comme dans les lignes qui suivent, j’ai emprunté librement à la traduction française de M. Dufour et J. Raison (Paris, Garnier, 1935), ainsi qu’à celle de Ph. Jaccottet (Paris, Club français du livre, 1955).
[ back ] 34. Voir le commentaire ad loc. de J. Russo (Oxford, 1992), avec mention des renseignements fournis par les scholies.
[ back ] 35. Ici aussi, le commentaire ad loc. de J. Russo résume bien l’essentiel du dossier.
[ back ] 36. Bien entendu, l’ethnique Ἀχαιοί, très fréquent dans l’Odyssée (plus de 110 occurrences), ne s’applique pas aux seuls habitants d’Ithaque. Il a souvent une acception beaucoup plus large, et même parfois franchement différente, notamment lorsqu’il fait référence aux combattants de la guerre de Troie et à leur retour dans leur patrie, thème de prédilection pour les poètes (ainsi l’aède Phémios à Ithaque, 1.326–327 Ἀχαιῶν νόστον ἄειδε # λυγρόν). Il existe par ailleurs un terme spécifique pour désigner les habitants d’Ithaque, à savoir l’adjectif ethnique Ἰθακήσιος, mais il est assez rare et l’emploi en est strictement codifié : on relève, en tout et pour tout, huit occurrences du nom. pl. // Ἰθακήσιοι (quatre dans le vers formulaire κέκλυτε δὴ νῦν μοι, Ἰθακήσιοι, ὅττι κεν εἴπω, 2.25 = 2.161 = 2.229 = 24.454, à quoi s’ajoutent 15.520, 24.354, 24.443 [identique au vers formulaire jusqu’à la diérèse bucolique] et 24.531), et deux exemples du nom. sg. dans le syntagme Ὀδυσεὺς // Ἰθακήσιος (2.246, 22.45). Ainsi que le signale M. Fernández-Galiano dans son commentaire de ce dernier passage (Oxford, 1992), « its use here [sc. au début du massacre des prétendants] is significant : Odysseus has regained his full rights as a citizen », et le mot est connu dans un passage du Catalogue des vaisseaux (# κῆρυξ Εὐρυβάτης // Ἰθακήσιος, Il. 2.184).
[ back ] 37. Voir le commentaire ad loc. de M. Fernández-Galiano (Oxford, 1992).
[ back ] 38. D. Frame, Hippota Nestor (2009), 567. L’ensemble du chapitre 11 de l’ouvrage (p. 551–620) illustre le lien entre les poèmes homériques et les grands rassemblements festifs du monde grec.
[ back ] 39. Voir l’ensemble du dossier dans les notices s.u. δεῖπνον de CEG 12 (2012), 296–297 et s.u. πρό de CEG 16 (2019), 168 (Ch. de L.), avec histoire de la question (l’interprétation la plus plausible est celle de J. L. García Ramón 2010, 79) ; en dernier lieu LGMic (2019), 160 et D.Mic.Supl. (2020), 79. — Beekes, EDG 310 s.u. δεῖπνον ignore le dossier mycénien et considère que le mot est « perhaps of Pre-Greek origin », sans apporter, comme à son ordinaire, la moindre preuve à l’appui de cette thèse. Mais il a raison de dire que l’origine du mot est inconnue dans l’état actuel de nos connaissances. Du point de vue de la formation, on serait a priori tenté d’y voir un dérivé du type de τέκνον, et une racine indo-européenne *deikw, du type de *leikw « laisser », serait parfaitement régulière ; mais on n’en a pas encore trouvé de traces (voir cependant un essai en ce sens mentionné dans ma notice s.u. δεῖπνον de CEG 12, mais qui reste fragile).
[ back ] 40. Voir un état de la question dans le lemme δόρπον du DELG 294, à compléter par la notice s.u. δόρπον de CEG 5 (2002), 265 = DELG 2009, 1289 (G. Bonnet). Cf. aussi DMic I (1985), 189 ; Melena 2014, 36–37 ; LGMic (2019), 176–177.
[ back ] 41. Voir en ce sens notamment Killen 2006, 98 (= Coll. Pap. 926), avec histoire de la question ; Meier-Brügger 2006, 114 ; Hiller 2006, 73 et 2011, 192 ; LGMic (2019), 173 ; DMic.Supl. (2020), 86–87. Cette suggestion a été faite indépendamment par plusieurs auteurs (notamment, outre ceux qui viennent d’être cités, J. Chadwick, J. L. Melena, T. Palaima), mais je revendique d’être le premier à l’avoir émise publiquement, dans mon compte rendu des MPM IV de M. Lejeune, BSL 94/2, 1999, 151, c’est-à-dire avant la publication des tablettes de la rue Pélopidas par V. Aravantinos, L. Godart et A. Sacconi (AGS 2001) ; voir dans le même sens la notice s.u. ἦμαρ de N. Guilleux dans CEG 5 (2002), 268 = DELG 2009, 1304. — Noter qu’en arménien, langue très proche du grec, on connaît un mot erk-awr-eay, à la fois adjectif et substantif (« qui dure deux jours », « période de deux jours ») ; mais il n’est pas très ancien, et l’élément –awr-, identique au simple awr « jour », repose non sur *-āmer-, mais sur *-āmōr– ; cette correspondance entre les deux langues se limite donc à des créations parallèles.
[ back ] 42. Voir Lamberterie 1990[92], où l’on trouvera l’ensemble du dossier, et la notice s.u. πρό de CEG 16 (2017[19]), 197–198, avec référence à des travaux récents qui vont dans le même sens (ajouter Meier-Brügger 2006, 115) ; en dernier lieu LGMic (2019), 402.
[ back ] 43. D. Frame, Hippota Nestor, 622–624 (et p. 542, n. 70 sur le site de Panionion).
Image credit: Close-up of a picture of sheep and goats selected to be sacrificed at Mecca. Image via Wikimedia Commons, via a Creative Commons 2.0 license.



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